Les troubles du comportement alimentaire : anorexie et boulimie
Notre comportement alimentaire est influencé à la fois par nos instincts et nos habitudes. La recherche du plaisir tient également une place importante. Il arrive à tout le monde de faire des excès, dans un sens comme dans l'autre. Mais parfois cela se transforme en véritable problème de santé.
Chez l’homme le comportement alimentaire est commandé par le mécanisme de faim-satiété et la prise des repas à des horaires précis. La sensation de faim, signal du besoin alimentaire correspondant à une baisse de la glycémie, se transforme au cours du repas en satiété, sensation de plénitude nutritionnelle qui signale la fin du repas.
En cherchant à assurer la couverture des besoins nutritionnels nécessaires à la vie, le comportement alimentaire est en partie instinctif. Mais il est aussi conditionné par la recherche de plaisir qui dépend de nombreux facteurs d’ordre psychologiques et socioculturels.
Il arrive à tout le monde de faire des excès alimentaires par gourmandise ou de calmer son stress en grignotant des sucreries de façon impulsive et passagère. Mais, parfois, le comportement alimentaire se dérègle de façon anormale et devient dangereux pour la santé.
Les deux aspects de ces troubles pathologiques du comportement alimentaire sont l’anorexie mentale (anorexia nervosa) et la boulimie (bulimia nervosa). Ces termes, qui devraient se rapporter à de véritables maladies, sont souvent abusivement employés et à mauvais escient dans le langage quotidien.
L’anorexie mentale
C’est une grève de l’appétit motivée par l’obsession d’être toujours plus mince. Elle débute presque toujours à l’adolescence et touche les filles dans 9 cas sur 10. Ce désir de maigrir à tout prix et de plus en plus, repose sur une perception du corps totalement imaginaire, sans aucun rapport avec la réelle corpulence de la jeune fille. La restriction alimentaire très stricte est souvent dissimulée à l’entourage afin de faire illusion le plus longtemps possible. L’adolescente prend parfois, en plus, des laxatifs et se force à vomir lorsqu’elle a consenti à manger.
C’est une maladie grave et difficile à traiter, qui peut se terminer par la mort par dénutrition dans les cas graves. A force de ne rien manger, les mécanismes de faim et de satiété sont altérés ; l’amaigrissement devient pathologique et s’accompagne de carences nutritionnelles. Dans les cas graves il faut recourir à l’hospitalisation pour re-nutrition par gavage. L’isolement avec séparation du milieu familial est parfois nécessaire. Le traitement fait intervenir médecins, nutritionnistes et psychiatres. C’est un traitement au long cours qui repose sur un contrat de prise de poids régulière, contrat conclu avec le médecin dans lequel la jeune fille s’engage à se ré-alimenter progressivement, accompagné d’une psychothérapie individuelle ou familiale.
Il peut être très difficile de faire retrouver l’appétit à l’anorexique, et, dans seulement la moitié des cas d’anorexies graves, les contrats de poids réussissent. Les rechutes sont nombreuses et la maladie devient chronique.
On ne connaît pas précisément le pourcentage d’anorexie dans la population générale, mais on observe que le nombre d’hospitalisations a doublé en une génération.
La boulimie
La boulimie est une perte de contrôle du comportement alimentaire avec une pulsion irrésistible à manger. Comme l’anorexie, elle touche les filles, surtout, à l’adolescence. Les crises de boulimie durent une heure ou deux pendant lesquelles l’adolescente mange à toute vitesse n’importe quoi, n’importe comment et sans aucun plaisir, en se cachant des autres. Elle vide le frigidaire en se bourrant des aliments les plus caloriques, puis est prise de douleurs au ventre et vomit. Les boulimiques arrivent donc à maintenir un poids normal car elles ne gardent pas les aliments. Elles prennent parfois des laxatifs. Il faut donc les distinguer des personnes qui mangent trop (hyperphagiques) et deviennent obèses.
Les crises de boulimie sont plus ou moins aiguës. Elles alternent parfois avec des périodes de restriction alimentaire intense et sont alors une sorte de compensation en rapport avec des régimes trop stricts. La boulimie est ainsi souvent une conséquence des contraintes sociales et culturelles qui érigent en modèle des régimes impossibles à tenir pour les jeunes femmes.
La boulimie a des causes d’ordre psychologique : elle est liée à de troubles du désir, parfois à une dépression. Certains la considèrent comme une dépendance, comparable à l’alcoolisme ou la toxicomanie. Les boulimiques sont conscientes de leur problème et ont souvent recours à une aide psychologique. Le traitement repose sur la psychothérapie, avec parfois des antidépresseurs. Le pronostic