Voilà un article que l'on pouvait lire en avril 2008 et aujourd'hui ça empire, ou va t'ont !?!
Le carburant, l'alimentaire tout ne cesse d'augmenter....
« La France n’est pas à l’abri des émeutes de la faim »
Les émeutes de la faim dues à la hausse des prix des denrées alimentaires se multiplient dans le monde. Le Secours Populaire estime que la France n’est pas à l’abri et lance un appel.
Alors que les émeutes de la faim se durcissent et se répandent, la Banque Mondiale appelle les gouvernements des pays membres à intervenir d'urgence pour éviter que la crise alimentaire n'appauvrisse encore davantage quelque 100 millions de personnes dans le monde.
En Egypte, au Cameroun, au Sénégal, au Bangladesh, en Bolivie, au Mexique, à Haiti (au moins 5 morts, 200 blessés), en Indonésie... Plus d'une trentaine de pays sont touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires, et les autorités craignent aujourd'hui une contagion aux pays asiatiques. En cause, une demande supérieure à l'offre, des récoltes insuffisantes, le tout aggravé par la baisse du dollar (monnaie d'échange sur les marchés céréaliers). De plus, les cours du blé et du riz ont doublé en une année. Exemple avec le prix du riz, sur le marché mondial, qui a grimpé de 54% depuis janvier.
« Pas à l'abri en France »
Selon le secours populaire, ces six derniers mois en France, les prix ont augmenté de 10% (carburant, denrées alimentaires). Julien Lauprètre, le président du Secours Populaire, lance aujourd'hui un appel. Selon lui, « Nous ne sommes pas à l'abri en France de tels événements. Des gens qui ne mangent pas à leur faim, qui voient leurs gosses dépérir parce qu'ils n'ont pas de quoi leur donner à manger, c'est extrêmement préoccupant. Je suis très inquiet. Je connaissais bien l'abbé Pierre, je me rappelle l'appel qu'il a lancé en 1954, et c'est un appel de même nature, de même profondeur, que je lance aujourd'hui. »
Selon les prévisions de la FIDA (agence de lyon chargée du développement agricole), d'ici à 2025, 1,2 milliard d'êtres humains pourraient avoir chroniquement faim.
De leur côté, les ministres de l'agriculture se réunissent aujourd'hui à Luxembourg. La France va demander à ses partenaires une "initiative européenne pour la sécurité alimentaire" face à la flambée des prix agricoles et aux émeutes.
La FAO met en garde contre les biocarburants
- L'augmentation mondiale de la production de biocarburants menace l'accès aux denrées alimentaires pour les populations pauvres d'Amérique latine, a estimé lundi la FAO (Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation).
"A court terme, il est très probable que la rapide expansion des carburants verts, au niveau mondial, aura des effets importants sur l'agriculture d'Amérique latine", affirme la FAO dans un document.
Produire davantage de biocarburants va s'effectuer aux dépens des productions vivrières en puisant dans les réserves en eau, en détournant des terres mais aussi des capitaux, et, de ce fait, cela augmentera les prix des denrées alimentaires et "mettra en péril l'accès aux vivres pour les éléments les plus défavorisés", conclut la FAO dans un rapport présenté à Brasilia, lors de sa conférence pour l'amérique latine et les Caraïbes.
Les représentants du Venezuela et de ses alliés régionaux que sont la Bolivie, le Nicaragua et Cuba ont vivement critiqué les biocarburants lundi lors de cette conférence.
"Sans sécurité alimentaire (pour les pauvres), nous ne pouvons pas même envisager des biocarburants(...). Cela créerait d'énormes déficits alimentaires et des troubles sociaux", a déclaré devant la conférence le vice-ministre vénézuélien chargé du Développement rural, Gerardo Rojas.
LE BRÉSIL CONTESTE LA FAO
Pour le représentant cubain Juan Arsenio Quintero, il est inacceptable que les pays pauvres, dont le parc automobile représente 15% seulement du total des voitures du monde entier, produisent des biocarburants pour les pays riches.
Toutes ces critiques, sur fond d'"émeutes de la faim" survenues dans des dizaines de pays du tiers monde ces derniers jours, sont un revers pour le Brésil, qui s'efforce de propager la production de biocarburants en Amérique latine et en Afrique en tant que moyen pour éliminer la pauvreté dans les campagnes.
En visite à New York, le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, a rejeté devant la presse, lundi, l'idée que la production de carburants verts poussait à la hausse les prix des denrées alimentaires dans le monde entier. Selon lui, un tel problème est limité aux Etats-Unis.
"Cela met en péril la production alimentaire ici aux Etats-Unis, mais pas au Brésil, pas dans les pays d'Afrique, pas dans les pays d'Amérique latine, qui ont assez de terres pour produire les deux" (vivres et biocarburants), a-t-il assuré.
Voici un an, Fidel Castro, alors encore président cubain, avait signé une virulente tribune dans le journal cubain Granma au sujet de l'usage des biocarburants aux Etats-Unis. Selon lui, trois milliards d'habitants de la planète sont voués à mourir prématurément de faim ou de soif en conséquence du projet des Etats-Unis de transformer en carburant des denrées alimentaires comme le maïs.
La crise alimentaire reconnue comme une priorité mondiale
- Face à la multiplication de troubles sociaux liés à la flambée du prix des produits alimentaires, la communauté internationale a reconnu ce week-end l'urgence d'une action concertée au niveau planétaire, qui demande désormais à se traduire dans les faits.
"Nous devons mettre de la nourriture dans des bouches qui ont faim. C'est aussi abrupt que cela", a déclaré le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, au terme d'une réunion à Washington du comité conjoint pour le développement de son institution et du Fonds monétaire international.
L'envol du prix des denrées de base, qui a provoqué de violentes manifestations dans plusieurs pays du tiers monde ces dernières semaines, doit être au centre des préoccupations des gouvernements, ont insisté Zoellick et le Premier ministre britannique Gordon Brown au cours du week-end.
Brown a promis de soulever la question lors du prochain sommet du G8, mais "franchement, cette réunion est en juin et nous ne pouvons pas attendre", a souligné Zoellick.
Entre autres denrées, le prix du riz s'est envolé de 75% en deux mois et celui du blé a grimpé de 120% au cours de l'année écoulée. Le problème est d'autant plus aigu que la part du revenu consacrée à l'alimentation atteint jusqu'à 75% dans les pays pauvres, contre 10 à 20% dans les pays riches.
37 PAYS MENACÉS SELON LA FAO
En Haïti, dix jours d'émeutes marquées par la mort de six personnes ont conduit à la démission du Premier ministre. Au Cameroun, les manifestations contre la cherté de la vie ont fait plusieurs dizaines de morts en février. D'autres mouvements de protestation ont éclaté en Egypte, au Niger, au Burkina Faso, en Indonésie ou aux Philippines.
Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), ce sont 37 pays qui sont aujourd'hui menacés de crises alimentaires.
"On va vers une très longue période d'émeutes, de conflits, des vagues de déstabilisation régionale incontrôlable", prédit le sociologue suisse Jean Ziegler, rapporteur spécial de lyon pour le droit à l'alimentation, dans une interview à Libération.
LE POIDS DES BIOCARBURANTS
L'un des facteurs expliquant cette envolée des prix est l'utilisation d'une part croissante et significative des terres arables pour produire des biocarburants. Pratiquement tout le supplément de récolte mondiale de maïs entre 2004 et 2007 a servi à fabriquer aux Etats-Unis cette alternative au pétrole.
"Quand on lance, aux Etats-Unis, grâce à six milliards de subventions, une politique de biocarburant qui draine 138 millions de tonnes de maïs hors du marché alimentaire, on jette les bases d'un crime contre l'humanité pour sa propre soif de carburant", accuse Jean Ziegler.
La France, deuxième pays producteur européen de biocarburants derrière l'Allemagne, est concernée, même si "ce n'est pas nleurope qui déstabilise les marchés alimentaires mondiaux", selon le ministre de l'agriculture Michel Barnier.
Interrogé sur la possibilité de modifier l'ambitieuse politique de la France dans ce domaine, Barnier a déclaré à Reuters que la production des biocarburants ne couvrait que 7% des surfaces françaises alors qu'au moins un quart des surfaces américaines de maïs et plus de la moitié de celles de canne à sucre au Brésil sont consacrées à la production de bioéthanol.
Parmi les autres facteurs listés par les experts figurent la hausse de la demande dans des pays en pleine croissance comme la Chine et l'inde, la sécheresse qui frappe de grands producteurs comme l'Australie ou la spéculation sur les marchés agricoles.
"Il est clair que la crise financière contribue aussi à la flambée des prix, les matières premières devenant des instruments de placement", constate la ministre française de l'Economie Christine Lagarde, interrogée par Le Figaro.
RETARD DE CROISSANCE, RECUL DE LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ
Grâce à l'accroissement des parcelles, la production mondiale agricole devrait augmenter de 2,6% cette année mais seule une petite partie de cette offre atteindra les marchés internationaux et ne fera pas baisser les prix, prévenait vendredi Jacques Diouf, le directeur général de la FAO.
La Banque mondiale, elle, avertit que l'inflation alimentaire n'est pas un phénomène temporaire et que les cours devraient rester supérieurs à ceux de 2004 jusqu'en 2015.
La première urgence est de renflouer le Programme alimentaire mondial des Nations unies, dont le déficit de financement atteint 500 millions de dollars, souligne la Banque mondiale qui s'engage par ailleurs à doubler le volume de son prêt en Afrique subsaharienne pour accroître la productivité.
Robert Zoellick propose également que les fonds souverains consacrent 30 milliards de dollars, soit 1% de leur actif de 3.000 milliards de dollars, aux investissements en Afrique.
A Washington, le ministre indien des Finances, Palaniappan Chidambaram, a jugé que la communauté mondiale devait "délibérer collectivement sur des mesures immédiates pour inverser les hausses déraisonnables de prix". Mais le secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson, a répondu que les gouvernements devaient résister à la tentation de contrôler les prix, qui pourraient avoir selon lui des effets pervers.
Alors que l'union européenne a réduit son aide au développement en 2007, Zoellick a prévenu que l'actuelle crise alimentaire "aura pour effet d'occasionner une perte de l'ordre de sept ans dans les efforts visant à réduire la pauvreté à l'échelle mondiale" et aggravera la malnutrition, l'un des objectifs de développement pour le Millénaire (2015) "oubliés".
"La question n'est pas simplement celle de la privation de repas aujourd'hui ou de l'accentuation des troubles sociaux. L'enjeu est une perte de possibilité d'apprentissage pour les enfants et les adultes dans l'avenir, synonyme de retard de croissance intellectuelle et physique", a-t-il souligné.