Article tiré du magazine Stocks du 13.07.2001On se remet à priser du tabac! ( sniffer )
On se remet à priser du tabac !Après l'avoir longtemps négligé au profit des cigarettes et/ou des cigares, on assiste aujourd'hui à un véritable retour du tabac à priser à travers le monde.
A notre époque, où l'inscription " Fumer nuit gravement à la santé " figure sur tous les emballages des produits du tabac et où les secteurs fumeurs disparaissent plus vite que la neige sur les glaciers des Alpes, vanter les mérites du tabac pourrait sembler culotté. Pourtant, le tabac marque plus qu'on ne le croit l'existence et le style de vie d'un grand nombre de personnes. Son rôle de patrimoine historique est incontestable.
A la mode !Jusqu'au XIXe siècle, en Europe, on consommait davantage du tabac à priser que du tabac à mâcher ou à fumer. Dans les cours françaises et espagnoles en particulier, (pratiquement) toutes les sommités prisaient du tabac. Celui-ci faisait aussi office de remède prouvé contre les maux de tête et de dents, les insomnies, la toux et les refroidissements. Il a également gagné l'Angleterre par l'intermédiaire du roi Charles II qui l'avait découvert lors de son exil en France. La reine Charlotte, par exemple, dauphine de George III, a même été surnommée " Snuffy Charlotte " (littéralement : " Charlotte la priseuse ")…Après 1700, le tabac à priser déchaîna également les passions dans le reste du continent. Napoléon Bonaparte (qui inhalait plus de trois kilos et demi par mois de la poudre brune délicatement parfumée) et Charles Darwin, mais aussi le Duc de Wellington s'adonnaient régulièrement à cette pratique. On raconte même de l'Admiral Nelson, vainqueur de la bataille de Trafalgar, qu'il n'aurait jamais pris la mer sans un stock de tabac à priser. Ce dernier aurait même servi à rémunérer les marins anglais. Les vieux Suisses ne faisaient pas non plus exception à la règle, en particulier dans les cercles militaires, où ils s'adonnaient régulièrement à cette pratique - souvent même en chantant un "hymne au tabac à priser".
Après avoir été menacé depuis le début du XXe siècle par le rejet total de la cigarette et du cigare, le tabac à priser fête aujourd'hui son retour. Celui qui n'a pas observé le phénomène par lui-même pourra s'en convaincre en ligne : " On prise bel et bien du tabac en Suisse ! " , peut-on lire sous
www.schnupftabak.ch, sur la page d'accueil de Breeze GmbH, la plus grande maison de tabac à priser en Suisse, domiciliée à Elgg (Zurich).Au vu de l'attitude anti-fumeur adoptée actuellement, il peut paraître surprenant qu'un nombre croissant de personnes - indépendamment de leur sexe - prisent du tabac, et ce, aussi bien sur leur snowboard que sur la plage ou dans un bistrot. Les boîtes de tabac à priser en aluminium affichent elles aussi un avertissement quant aux risques pour la santé (voir ci-dessus) engendrés par la consommation de leur contenu. Mais les priseurs de tabac ne se laissent pas détourner de leur péché mignon, de même que les fumeurs de cigarettes, les amateurs de cigares ou les fumeurs de pipe.
Quoiqu'il en soit, les fumeurs passifs n'ont pas à craindre pour leur santé lorsqu'ils sont entourés de priseurs de tabac : bien que le tabac à priser contienne de la nicotine, substance nuisible à la santé, il ne contient pas de goudrons, responsables des cancers.Lorsque l'on aligne deux prises au dos de sa main gauche à l'aide du bord du couvercle de la boîte, et que l'on aspire chacune d'entre elle, vite et fort, de la narine gauche, puis de la droite, l'effet est bref, et en quelque sorte libérateur. Il faut d'ailleurs veiller à utiliser la bonne main. En effet, " celui qui prise sur le dos de sa main droite au lieu de sa main gauche passe pour un plouc ", déclare Thomas Fritsche, le propriétaire de Breeze. A propos de l'effet produit par la prise, il précise : " Si on éternue directement après au lieu de la savourer, c'est qu'on a utilisé du mauvais tabac, ou du tabac trop sec. " Il ne nous cache cependant pas que les débutants peuvent parfois ressentir la nicotine : " Il se peut que les débutants éprouvent un léger malaise, mais celui-ci disparaît relativement vite, après une trentaine de secondes au plus tard
Mais ce qui procure essentiellement du plaisir, ce n'est pas uniquement l'agréable effet de courte durée qui se répand dans la tête après l'inhalation. Car priser du tabac est (comme fumer le cigare) avant tout un acte rituel de convivialité, pratiqué au sein d'un groupe de personnes partageant les mêmes vues - sauf qu'il n'est pas gênant pour l'environnement, car il n'occasionne pas de fumée.
" Celui qui prise de la main droite passe pour un plouc ". La convivialité évoquée ci-dessus se fait surtout sentir dans les dictons que prononcent ensemble les priseurs de tabac avant d'inhaler la poudre brune. Leur contenu (plus ou moins créatif et original) montre que priser du tabac est, de nos jours encore, une pratique principalement masculine. Il y aurait cependant, selon Fritsche, " de plus en plus de femmes qui se font un plaisir de priser de temps à autre ". Breeze GmbH importe cette fine poudre brune, emballée et prête à l'emploi, dans des boîtes en aluminium rondes, en provenance directe du producteur McChrystal's à Leicester (Angleterre). Outre McChrystal's, il existe en Suisse d'autres marques connues de tabac à priser, telles que Sturco, President, Jip, Ozona, Löwenprise, Gletscher et Red Bull. Hormis du tabac à priser, Breeze vend aussi des accessoires " tendance ", mais pas spécialement indispensables, comme, par exemple, des petits tuyaux à priser en métal doré brillant. Le tout est disponible sur commande via Internet. Pour afficher leur complicité en public, beaucoup de consommateurs et consommatrices de tabac à priser revêtent aussi des t-shirts et des bonnets garnis du logo du producteur. Or, d'après Fritsche, ces derniers se vendent aussi "comme des petits pains ".
Pratique principalement masculine, mais plus pour longtemps, le tabac à priser est de nos jours, tout comme pour les soldats de l'ancienne génération, particulièrement " in " dans le domaine militaire, du moins dans certaines divisions armées : " Chez nous les parachutistes, priser du tabac est une tradition ", explique Fritsche. " Du plus haut gradé au simple soldat, on prise du tabac. "Cet usage, au départ propre aux pilotes, semble avoir trouvé bon accueil auprès des parachutistes. En effet, le dernier album photo de la patrouille suisse contient entre autres une photo sur laquelle les membres de cet escadron ont l'air de prendre un véritable plaisir à priser du tabac. " Nos pilotes et nous-mêmes les parachutistes adorons cela ", insiste Fritsche. " Avec nos pilotes, je fais même partie d'un club de tabac à priser. "
Il existe également depuis peu un " championnat suisse de prise de tabac ". Fritsche adopte toutefois une attitude critique face à celui-ci : " De grandes quantités de tabac à priser y sont consommées, car le vainqueur est celui qui en aura inhalé le plus. Ca me rappelle davantage un concours de celui qui boira le plus qu'une véritable compétition, un sport sain.
Article tiré du Handelszeitung du 17.01.2001Priser du tabac pour lutter contre la toux
Le tabac: les uns ne jurent que par son effet guérisseur, tandis que pour les autres, il n'est que pur plaisir : le bon vieux tabac à priser fait son retour.
Christophe Colomb avait déjà vu bien des choses lors de ses voyages autour du monde, mais la découverte suivante lui coupa le souffle : lorsqu'ils firent escale sur la plage de sable blanc des Bahamas en 1492, lui-même et son équipage furent accueillis par les aborigènes avec de longues sarbacanes. Mais en lieu et place de projectiles, notre conquérant tomba sur une poudre sombre et finement tamisée, faisant fortement trembler les ailes du nez et couler les yeux. L'homme qui a découvert l'autre bout du monde ne connaissait pas encore le tabac à priser.
Il fallut donc un peu d'exercice à Christophe Colomb avant de maîtriser cette pratique. Sans oublier un partenaire au bon souffle, car aux Bahamas, à l'origine, il fallait être deux pour priser du tabac : le premier mettait un bout du bâtonnet creux dans sa narine, tandis que le second mettait l'autre bout dans sa bouche. Un, dos, tres et zou !, la poudre passait à travers la sarbacane dans les narines du consommateur et les substances actives continuaient leur route jusque dans les profondeurs des sens
Christophe Colomb fut séduit par cette petite poudre brune et ses effets surprenants. Sans plus attendre, il en emporta quelques paquets pour le voyage. De retour en Europe vers la fin du XVe siècle, il fit goûter aux gens le tabac qui n'avait pas été consommé au cours du voyage. Le tabac à priser avait tracé son chemin de gloire autour du globe. C'est du moins ce que nous rapporte la tradition.
UNE SOLUTION AU RHUME AINSI QU'AUX MAUX DE TETE Aujourd'hui, la plupart des personnes qui prisent du tabac renoncent à utiliser des méthodes aussi fortes que celle de la sarbacane des Bahamas. C'est pourquoi on apprécie plus que jamais le tabac moulu. Sophie Käslin, présidente de l'association suisse des consommateurs de tabac à priser, rappelle, en se fondant sur sa longue expérience en la matière, que " le tabac à priser libère les voies respiratoires et prévient les refroidissements ". Depuis qu'elle prise régulièrement, les maux de tête ne sont pour elle plus qu'un mauvais souvenir. Le secret - c'est là-dessus que Mme Käslin cherche à attirer l'attention - réside dans la quantité de tabac prisé en une fois : il ne doit ni y en avoir trop, ni trop peu. " L'idéal est de faire un petit tas de la grandeur d'une tête d'épingle. On commence par le sentir, puis on inhale le tout doucement, et pas de manière brusque et rapide comme beaucoup le pensent. " Selon la présidente, une telle pratique permet de réduire au minimum les risques pour la santé.
DE PLUS EN PLUS DE JEUNES CONSOMMATRICES A la différence des cigarettes, le tabac à priser ne contient pas de goudrons. Il ne s'agit cependant pas d'une activité sans aucun danger. Le tabac, qui contient de la nicotine, peut engendrer une dépendance s'il est consommé régulièrement. En outre, de trop grosses prises irritent extrêmement la muqueuse nasale et peuvent provoquer un rhume ou encore perforer entièrement la cloison nasale. " Priser du tabac est un plaisir et peut en cela même engendrer une dépendance ; il faut en être conscient ", confirme Thomas Fritsche, propriétaire de Breeze GmbH à Elgg dans le canton de Zurich. Malgré tout, l'importateur de tabac à priser qualifie la dangerosité de cette poudre qui picote le nez de " faible ". Pour lui, c'est le facteur social lié à cette pratique qui a beaucoup plus de poids. " Il est clair que priser du tabac se fait en groupe ", Fritsche le sait par expérience. " Il s'agit d'une tradition avant tout répandue auprès des pilotes et des parachutistes. " Mais de nos jours, les catégories de population plus larges qui s'adonnent à ce rituel sont de plus en plus nombreuses. Priser du tabac, ça fait chic et cela donne bon moral. Un " léger flash ", pour reprendre les termes de Thomas Fritsche, séduit autant les grands-pères que les snowboarders ou les skaters. Autre chose : un tiers des consommateurs de tabac à priser s'avèrent être… des consommatrices. Comment le profane peut-il toutefois faire la différence entre du bon et du mauvais tabac à priser ? " Il doit être fin et frais, pas sec, car sinon il picote le nez ", nous confie Mme Käslin. Elle s'empresse de donner encore un bon conseil aux novices : " Il faut toujours préparer la prise sur la main gauche. Celui qui se sert de sa main droite passe pour un plouc ! "
Article tiré du Tagesanzeiger du 08.04.00Le tabac à priser est entré dans les mœurs
Napoléon en consommait de manière excessive, quant à nos grands-pères, ils le faisaient en cachette : le tabac à priser fait son retour.
Les ailes du nez aspirent avidement le tabac. Le stimulus olfactif saisit les muqueuses, monte dans les sinus maxillaire et frontal, active le système nerveux central et déclenche dans la tête un coup de foudre qui provoque une sensation d'euphorie à l'arrière de la tête, pour peu à peu descendre dans la nuque et finir dans la moelle épinière. Le feu se répand dans la cavité nasale, les larmes montent aux yeux… Et voilà qu'une agréable ivresse, plus ou moins forte selon la dose, s'empare du priseur de tabac.
"De 16 à 80 ans"
On étale deux portions sur sa main gauche, puis on inhale le tout en portant un toast au tabac à priser, à la vie, ainsi qu'à tout ce qui nous fait plaisir. Cette pratique, déjà largement répandue, parmi les parachutistes et les pilotes militaires il y a des années, a également séduit les jeunes d'aujourd'hui, toujours à l'affût des dernières nouveautés. Cette substance - il pouvait parfois aussi s'agir d'un mégot de cigare finement moulu - que les grands-pères avaient souvent du plaisir à renifler, confortablement installés dans leur fauteuil, est à nouveau entrée dans les mœurs ; sauf qu'aujourd'hui, ce sont les organes de l'odorat de leurs petits-enfants passionnés de snowboard et de skate qu'elle traverse.
Maria Gerussi, qui tient un kiosque à Uster, pourra le confirmer : ces derniers temps, la demande de tabac à priser n'a cessé d'augmenter. " Ma clientèle s'étend à présent de 16 à 80 ans. " Et au moins un tiers de ces personnes sont des femmes. Sa cliente la plus ancienne est âgée de quatre-vingts ans. " C'est peut-être parce qu'elle boit un verre de vin rouge et qu'elle prise du tabac chaque jour qu'elle conserve une mine aussi magnifique ", déclare Mme Gerussi, qui prend parfois elle-même volontiers une prise de tabac, surtout lorsqu'elle sent qu'elle va attraper un rhume.
McChrystals, Sturco, President, Jip, Ozona, Red Bull, Gletscherprise (prise du glacier) ou Löwenprise (prise du lion), tels sont les noms de ces stimulants. Vous les recevez dans une élégante boîte métallique ou dans une petite conserve pratique contenant plusieurs portions. Mélangé à des ingrédients et des arômes essentiels (menthe, pêche, framboise,…), le tabac à priser, qui, rappelons-le, contient de la nicotine, n'est pas à confondre avec les poudres à priser de la marque Schmalzerlfranzl ou Edelweiss, très répandues en Bavière, ou carrément avec la poudre à éternuer.