A la conquête du langageLes premiers mots d'un enfant représentent une musique douce très attendue des parents. Vous épiez chacun des sons et des bruits de votre bébé afin de reconnaître, enfin, le mot de la reconnaissance: "papa" ou "mama". Votre joie est alors inexprimable !
Pourtant, le chemin est encore long avant que votre petit puisse exprimer chacune de ses pensées ! Ces premiers mots résultent d'un processus qui a pris naissance dans le ventre de la mère et qui signent le début d'une nouvelle étape : la communication orale.
Reprenons donc depuis le début et explorons en même temps que votre enfant la planète du langage.
Sensibilisation prénataleBeaucoup de parents parlent à leur bébé ou lui font écouter de la musique alors qu'il est encore dans la chaleur du ventre de sa mère. Peut-être l'avez-vous fait aussi ? Sachez que ce n'était pas en pure perte comme on vous l'a peut-être dit. Dans la poche utérine, votre enfant s'habituait déjà aux multiples sons, bruits et musiques dont vous l'environniez, et qui s'ajoutaient aux bruits internes du corps et de la voix de sa maman.
Les bruits et les sons qui parviennent aux oreilles de votre nourrisson sur le point de naître sont étouffés, et seuls les fréquences graves lui sont accessibles. Ce qu'il entend correspond assez bien à ce qu'on peut percevoir quand on a la tête sous l'eau. Il ne peut distinguer les mots les uns des autres, mais il reconnaît déjà la mélodie de la langue, les intonations, les rythmes. Il est donc important pour le futur développement de son langage qu'il soit mis en contact avec la langue pendant la grossesse. Et il faut pour cela que vous lui parliez!
De nombreuses études ont d'ailleurs été faites et ont montré que le bébé vient au monde avec une mémoire auditive. Passez-lui une musique que vous lui avez fait écouter ou que vous écoutiez vous-même régulièrement, elle provoquera une réaction, déclenchera un sourire ou fera cesser de pleurer votre bébé…
Sachez que le milieu social et affectif dans lequel votre bébé évolue joue un rôle important dans son développement. C'est la raison pour laquelle des enfants du même âge peuvent atteindre des niveaux de développement très différents selon qu'ils viennent d'un milieu dans lequel l'enfant a ou n'a pas de place précise.
Bébé est arrivé - le 1er moisDès sa naissance, bébé est capable de mouvoir sa tête en direction de la source sonore. Il est sensible aux bruits et sons produits autour de lui mais il leur préfère le son de la voix.
Certes, à ce stade, il est encore loin de savoir et même de pouvoir parler, mais votre enfant va tenter par tous les moyens de communiquer avec vous. A défaut de disposer de la parole, votre nourrisson n'est pas muet pour autant, comme en témoignent pleurs et cris si angoissants pour les parents débutants. Il utilise tout ce qui est susceptible d'attirer votre attention : gestes, regards, voix, bruits de bouche et claquements de langue.
A partir de 21 jours, les pleurs se diversifient et vous serez capables de différencier le cri de la faim des autres cris. Ces modulations seront de plus en plus nombreuses au fil des mois.
Le jasis - Jusqu'à 3 moisLe jasis, c'est-à-dire la " préparation " au langage proprement dit, commence avec la diversification des vocalises.
Jusqu'à environ 3 mois, vous aurez le plaisir d'entendre votre enfant s'adonner à la lallation (aux gazouillis). Cette étape permet au nourrisson de s'essayer aux premières voyelles. Le "a" apparaît tout d'abord, et les parents découvrent bientôt les célèbres "aheu" (bébé ne sait pas encore prononcer les "r" !). La lallation, ou plus communément appelée le jasis, est moins un moyen de communication qu'un plaisir vocal de l'enfant. Ce jeu d'éveil lui permet de découvrir les sensations que provoquent les sons dans sa bouche. Il explore ses capacités vocales. Phénomène caractéristique, le coucher et le réveil sont souvent l'occasion de longs monologues durant lesquels l'enfant répète, remanie, essaie les mots nouvellement appris et les travaille.
Ses vocalisations s'affinent au fil des jours. Le jeu consiste à moduler les intonations, à les faire se succéder de façon différente, à en modifier la durée et la hauteur : si vous tendez l'oreille, vous vous apercevrez qu'il ne produit pas les mêmes sons dans ses interactions avec sa maman que dans celles avec son papa. C'est aussi un moyen d'apprendre à gérer sa respiration.
A ce stade, il vous étonnera par la diversité des sons qu'il est capable de produire: qu'importe la langue de son environnement, il peut produire tous les sons et il prend plaisir à tous les essayer ! Plus il sera mis en contact de la langue (le français ou une autre !), plus il se familiarisera aux sons de cette langue. N'hésitez pas à répéter ses gazouillis en modulant les intonations afin de lui ouvrir de nouveaux champs de possibilités.
Peu à peu, il prend conscience que ses gazouillis lui permettent de communiquer ses émotions et ses demandes : il entend les sons produits par son entourage et les siens propres et réalise qu'un son a plus d'effet qu'un geste. Une nouvelle phase de communication a sonné. Vers la fin du deuxième mois, le nourrisson répondra d'ailleurs aux sollicitations vocales de la mère en gazouillant quand elle s'arrête. Il apprend à gérer les tours de parole.
Le babillage - 3-16 moisA partir de 3 mois, votre petit sait tenir sa tête, puis s'asseoir, commence à tendre les bras, à attraper des objets… Ces évolutions motrices s'accompagnent de modifications corporelles et musculaires. Au niveau des organes buccaux, les changements sont significatifs : le larynx descend, les dents poussent, la langue se fait plus mobile, la pointe de la langue recule… En outre, les muscles de l'abdomen se renforcent permettant au bébé une respiration plus facile.
Ce développement moteur joue un grand rôle dans l'évolution du langage. Parler nécessite une certaine agilité motrice dont votre enfant ne disposait pas jusque là. Maintenant, il va pouvoir transformer ses premiers gazouillis en babillage.
Ça y est, il parle !C'est-à-dire qu'il dit des mots. Pas n'importe quels mots ! Ils répondent essentiellement à des rapports qu'il entretient avec les objets ou les personnes quotidiennement : rapport de possession, de location, disparition ou réapparition de choses, propriétés caractéristiques…
Le vocabulaire
Jusqu'à 1 an et huit mois, le vocabulaire est particulièrement limité. On peut dénombrer environ 50 mots utilisés régulièrement par l'enfant. A part quelques formes grammaticales et déictiques (ce, ça, c'est), il consiste presque exclusivement au champ lexical du quotidien : nourriture, vêtements, parties du corps, besoins vitaux, noms des membres de la famille, animaux, formules de politesse de base… S'ajoutent les termes exprimant les choses qui bougent, qui sont dynamiques, qui changent…
A partir d'un an et sept mois, on remarque que le développement du vocabulaire de l'enfant fait un bond en avant. Cela correspond à une phase durant laquelle l'enfant s'exprime en faisant des phrases. Il demande le nom des choses, il répète et imite les mots des adultes.
Toutefois, ne vous fatiguez pas à essayer de lui faire répéter mot après mot nouveau ou ancien. Votre enfant vous paraîtra sans doute têtu, mais il ne jouera pas toujours le jeu. Ceci pour une raison très simple : il ne répète pas juste pour vous faire plaisir ! La répétition est une méthode pour accroître son vocabulaire et elle a plus souvent lieu en différé ! Il ne répète que ce qu'il comprend, ce qu'il a déjà entendu, ce qui l'intrigue, ce qu'il a commencé à maîtriser.
Ne sous-estimez pas les activités qui lui permettent de se familiariser avec les mots et leurs significations. Offrez lui par ailleurs un environnement linguistique riche et varié. Décrivez chacune de vos activités et des siennes à haute voix. Mettez à profit la lecture des imageries et autres dictionnaires pour bébé. Mais là encore, ne vous laissez pas entraîner par votre enthousiasme, bébé ne sait pas se concentrer plus de cinq, dix minutes ! La répétition d'un nouveau terme dans des contextes différents est une méthode reconnue pour une bonne mémorisation. N'entrez pas trop vite dans les détails. Les termes génériques suffisent amplement à ce stade de développement.
La découverte du milieu est source perpétuelle de trouvailles linguistiques et de création de sens. A partir de 12 mois, votre enfant sort de plus en plus de la relation mère - enfant. Cette ouverture vers l'extérieur, sa prise de conscience de son individualité accroît ses possibilités et ses pratiques langagières. De la description des choses ici et maintenant, il s'ouvre petit à petit aux autres et les évoquera (papa pati) puis commencera à exprimer ses propres désirs (nours, gâteau, lo (pour de l'eau) …)
Interactions parents - enfant
A partir de 18 mois, vous entendrez de plus en plus souvent des combinaisons de mots, presque des phrases. Votre chérubin mémorise un nombre d'informations chaque jour plus important. Le problème qui se pose maintenant est celui de l'ordre des mots ! Chacun de ses énoncés est une hypothèse sur la grammaire ou la syntaxe de notre langue. Encouragez-le donc dans ses tentatives, reprenez ses phrases en les enrichissant. Plus l'enfant se sentira à l'aise et dynamisé par les approbations de papa, maman, plus il essayera.
De plus, vos propres prises de parole constituent des modèles de référence sur lesquels il base la construction de ses productions. Vous remarquerez d'ailleurs combien il est courant d'entendre l'enfant parler de lui à la deuxième ou troisième personne du singulier. Les parents disant "tu" à l'enfant qui comprend que c'est de lui qu'on parle, il associe donc le "tu" à "je". De même en ce qui concerne "il" qu'il associe à "je" / "moi" puisque les parents utilisent ce pronom pour parler de l'enfant entre eux, ou pour lui parler (comment va mon bébé aujourd'hui ? Il a bien dormi ?).
L'enfant de 2-4 ans : le Hercule du langageEntre un an et demi, période de la phrase à deux mots, et quatre ans, c'est la phase la plus rapide de l'évolution du langage : la latéralisation. Tous les membres de la famille jouent un rôle dans l'acquisition du langage chez l'enfant, toutefois, celui de la mère est prépondérant. De 24 à 36 mois, votre petit bonhomme apprend 1 mot par heure ! Imaginez !
Les questions
C'est l'époque bénie des "Dis, pourquoi maman ?", "c'est quoi ça?", "comment ça s'appelle ?"… Les questions se font de plus en plus fréquentes. Les questions en "Où" qui lui permettent entre autre de reconnaître la localisation des choses et des personnes sont les plus vite maîtrisées (très présentes dans les jeux du style coucou me voilà), celles en "Quand" viennent beaucoup plus tard ; l'enfant n'en a pas tant besoin. Les questions en "Quoi" sont difficiles en français ; toutefois, elles sont utiles et souvent utilisées et l'enfant va donc les apprendre très vite ne serait-ce que pour assouvir sa curiosité.
Le développement du vocabulaire s'accomplit également au niveau métalinguistique. On entend déjà quelques enfants de deux, trois ans demander " Pourquoi une girafe, ça s'appelle girafe ? " " pourquoi tu t'appelles Laurent ? ", etc…
Le poids des mots
L'enfant constate aussi dès deux ans et quelques mois qu'il y a des mots d'enfants et des mots d'adultes. Il n'accepte alors plus l'emploi du mot enfant par l'adulte. Par contre, ils vous ravissent par leur "parler bébé" dû à la simplification des sons qu'il n'arrive pas à produire correctement. (ex: "chien" qu'il prononce "sien"). Attention, ce n'est pas parce qu'ils ne savent pas prononcer correctement qu'ils ne font pas la différence auditive. Un enfant se mettra d'ailleurs en colère si vous lui retournez sa prononciation déformée en affirmant que ce n'est pas ce qu'il a dit !
D'autre part, l'enfant découvre le monde des gros mots, son attrait et sa valeur. Le premier thème important commun à toutes les classes sociales dans le langage des enfants est celui du caca boudin. Lorsque commence l'éducation de l'enfant à la propreté (acquisition du pot) et au sentiment de honte (on ne montre pas ses fesses), ce thème est alors plus ou moins banni ou rendu tabou dans le langage des adultes ; l'enfant utilise donc ce vocabulaire (pipi, caca, fesses, cul, zizi,...), et brise avec plaisir les tabous et l'interdit posés par les adultes. Ces gros mots sont le symbole de leur identité propre. Ce qui explique leur utilisation courante et le plaisir de leur emploi entre enfants du même âge. Ils jouent en outre un rôle socialisant en particulier à l'école. Par ailleurs, les gros mots offrent un champ poétique privilégié du fait de leur structure phonologique basée sur la répétition consonne / voyelle.
Au clair de la lune
J'ai pété dans l'eau
Ça faisait des bulles
C'était rigolo
Ils ouvrent la créativité enfantine, et de nombreuses comptines et chansons sont remaniées à l'aide de ceux-ci. Les enfants inventent aussi des suites de vers sans grand sens mais qui leur permettent de jongler avec les mots et les gros mots.
Interactions parents - enfant
A partir de 18 mois, vous entendrez de plus en plus souvent des combinaisons de mots, presque des phrases. Votre chérubin mémorise un nombre d'informations chaque jour plus important. Le problème qui se pose maintenant est celui de l'ordre des mots ! Chacun de ses énoncés est une hypothèse sur la grammaire ou la syntaxe de notre langue. Encouragez-le donc dans ses tentatives, reprenez ses phrases en les enrichissant. Plus l'enfant se sentira à l'aise et dynamisé par les approbations de papa, maman, plus il essayera.
De plus, vos propres prises de parole constituent des modèles de référence sur lesquels il base la construction de ses productions. Vous remarquerez d'ailleurs combien il est courant d'entendre l'enfant parler de lui à la deuxième ou troisième personne du singulier. Les parents disant "tu" à l'enfant qui comprend que c'est de lui qu'on parle, il associe donc le "tu" à "je". De même en ce qui concerne "il" qu'il associe à "je" / "moi" puisque les parents utilisent ce pronom pour parler de l'enfant entre eux, ou pour lui parler (comment va mon bébé aujourd'hui ? Il a bien dormi ?).